dimanche 17 janvier 2010

Le Petit Prince


Et si le petit prince, nouveau bréviaire du communiant laïc, n’était pas une ode à l’innocence mais au contraire un opuscule stoïcien ?


Je ne peux depuis longtemps me détourner de cette question, car enfin, si l’on néglige la fonction de récitant de l’aviateur qui donne un tonalité douce et nostalgique à toute l’oeuvre, force est de remarquer que la trajectoire du petit prince, prise en elle-même, est d’essence purement tragique.


Voici donc l’histoire d’un être ayant appris la véritable importance de chaque chose grâce et par la solitude, et plein de le sagesse des jours.


Soudain au sortir de sa planète, il se heurte à l’Autre, ce représentant de l’humanité, dans ses aspects les moins reluisants et les plus anodins.


A ses yeux innocents, rien alors, absolument rien, ne rend l’être humain bon ou attachant, sinon peut-être son absurdité.


De lui ne sourde que vanité.


Et ni l’amour pour une rose, ni l’amitié pour un renard ne pourrons effacer la souffrance béante de l'incommunicabilité de ce petit prince exilé loin de lui même, perdu dans sa relation à l’Autre, cet humain si défaillant.


Non, cette humanité si décevante, que nous incarnons tous, le petit prince du haut de sa candeur splendide est incapable, avec justesse, de la supporter.


En bon stoïcien, il sait aussi qu’il fait partie de la nature, que sa mort n'est qu'une façon de mieux la rejoindre, d'être en elle.


Et l’heureuse rencontre de l’aviateur ne viendra pas à bout de sa détermination.


Nostalgique de l’époque où il ne connaissait pas la bassesse de notre humanité, le petit prince tire le rideau sur cette pièce de théâtre qui ne l’a jamais intéressé et élégamment se suicide.


Par là son innocence définitivement nous condamne.


Voila.


Vanité des vanités, tout n’est que vanité.