dimanche 12 juillet 2009

Par les soirs bleus d'été


Les oiseaux parsemaient le ciel de leur chants.

Le crépuscule chargeait le temps présent de bleu et de gris heureux.


Moineaux, alouettes vous seuls aviez assez de génie pour rompre le silence gorgé d’émotion des spectateurs, et rajouter votre frêle à voix à celle du poète.


Cette voix rauque et gorgée d’énergie de Patty Smith nous entraîna loin, si loin à l’intérieur de nous.


Elles projetaient les mots avec tant de violence et d’amour, scandait avec tant de rythme et de force.


Holly, Holly, Holly.


Mon âme fluette s’en ébranla.


Oui, en ce jour de juin, l’émotion fit de moi un être liquide, obligé parfois de se tenir pour ne pas chavirer.


Je ressenti, là, dans mon ventre l’impression d’un mur intérieur comme pris d’assaut, comme une digue qui rompt.


Les mots abasurdissaient nos âmes trop pures, trop dociles. Ils nous disaient vit ! reve ! imagine ! fait avec la merde de nos vies, la crevure de nos solitudes et de nos sexes.


Et pour l’accompagner, le piano conduit par Philip Glass, si timide, les épaules voutées, tout entier faisant corps avec son clavier égrenaient des notes limpides et majestueuses, composant un flot dont les mots d’Allen Ginsberg étaient l’écume furieuse.


Ce ne fut pas deux heures de spectacle. Non.

Ce furent deux heures pendant lesquelles nos âmes à nues s’emplirent de force et de beauté, d’amour et de décrépitude. 


Ce fut l’expérience d’exister.


mardi 7 juillet 2009

Mon métier, mon art, c'est vivre.


Le blog a été inventé il y a des années, il y a des siècles, bien avant l'internet. Et il fut parfait.

Depuis qu'un homme bravant tout les interdits moraux de son époque s'est décidé à parler de lui, de sa vie, en de courts chapitres.
Depuis qu'il a décidé d'écrire pour parler de soi dans ce que l'expérience la plus individuelle a de plus universelle : l'amitié, la peur de la mort, le courage, le sens du devoir, ou pour tout simplement savoir ce que c'est de vivre une vie d' homme.

On ne le lit pas, on discute avec un ami, le soir, la nuit.

Un ami à l'esprit si vif, si ouvert, qu'en pleine conquête des amériques, alors que tous considèrent les indiens comme de simples animaux, que leur statut d'humain ne leur est même pas encore accordé, sa voix s'élève pour nous dire : si, il sont humains puisqu'ils font de la poésie. Et cessez de vous offusquer de leur moeurs : leur sacrifices rituels font moins de morts que nos guerres.

Avoir les yeux ainsi grand ouverts, en dépit de l'époque, ne cesse de m'effarer et de me donner envie d'être à la hauteur de ma tache d'Homme.

Et chacune de ses pensées est si riche, qu'au détour d'un chapitre, d'une phrase, on se dit, tient, de ce chapitre Rousseau en a fait sa vie ou, tient donc, Lévi-Strauss a fait une partie de sa fortune intellectuelle à partir de cette simple phrase. Et il en est ainsi tant et tant de fois que cela tient du prodige.

Et ce prodige a un nom, Michel de Montaigne, l'ultra moderne.

lundi 6 juillet 2009

Défi champion


Réussir à se blinder face à la vie sans plonger dans l'amertume ni le cynisme, et conserver à tout prix cette sensibilité si difficile à forger, rester ouvert aux autres, à leur manière de voir...

C'est pas gagné et pourtant c'est notre lot à tous.