dimanche 27 septembre 2009

Danse des mots et des latitudes.


Oh oui, quel plaisir à vous voir, à vous prononcer, et à vous chercher sur les cartes, villes énigmatiques peuplées d’inconnus.

Vastes cités où mes mots lancés en l’air ont trouvé un écho. Par accident, par passion, qu’importe ! J’aime à vous lire et à vous découvrir, villes du bout du monde.

De Barueri à Brussels, de Jyvaskyla à Pelotas, de Tartu à Angleur.

Visiteurs vous avez peut être commis une erreur.

Qu’importe. Mon imagination s’enivre de vos noms, de vos climats, reliés dans l’infini chaos du monde par ce mince fil : un clic sur meendme.

Vert scarabée c’est ton honneur et ta gloire de te faire injurier en Estonien ou en Brésilien, car on ne te cherchait en rien.

Et pour ceux qui te voulaient vraiment, juste vous dire combien il est beau de voir ses mots s’envoler aux quatre coins de la Terre en une joyeuse et enfantine farandole.

dimanche 20 septembre 2009

Pour qui sonne le glas ?



L’histoire commence avec l’invitation lancée par un brigadier de l’armée britannique, M. Mackay, à Robert Wilson de photographier ses soldats de la 52 eme Brigade en Afghanistan.

Non en tant que photo-journaliste ou reporter de guerre, mais comme «war artist».

Le mot, déjà, dit tout du travail à venir.

Et les images qu’il nous rapporte sonnent le glas de la guerre moderne, le glas de la guerre ancienne.


L’avenir appartient à la guérilla, et à la contre-guérilla.


Par son esthétique publicitaire appliquée à la guerre, R. Wilson ne se contente pas de renouveler le débat sur l’esthétisation des conflits, de la pauvreté et de tout événement condamnable moralement mais rendu beau par la photographie.


Non.


Ses photos sont si belles, si clinquantes, qu’elles annihilent la guerre elle-même. Tout comme les traces vertes dans le ciel ont pu masquer la réalité de la première guerre d’Irak.


Le symbole en est ce filin de camouflage qui devient par le truchement du regard du photographe une oeuvre abstraite.


Pourtant, ces photos-là derrière leur aspect bing bling, et les regards des soldats rendus translucides, nous disent aussi quelque chose sur notre sensibilité à nous.

Une sensibilité fondée désormais sur l’imagerie usuelle de la guerre et non sur sa réalité. De référence au réel, il n’en est apparemment plus question et depuis bien longtemps.


Ces clichés de soldats, de campements, de lieux, de locaux, de palissades, de paysages somptueux, par leur traitement de la lumière, jamais éclatante, mais toujours écrasante nous parle aussi de la poussière qui recouvre hommes et armes.

Cette poussière, symbole de notre devenir après la mort, a envahi ce pays montagneux et âpre. Elle unie les hommes à la terre, à son âme.

Chaque soldat devient alors une part d’Afghanistan.


En regardant ces photographies, ce qui frappe également c’est que les soldats n’y font pas la guerre. Ils sont en guerre.


Etre en guerre devient un état permanent, un attribut en quelque sorte de leur vie.


Plus de combats de masses, et des morts pourtant.

.... Bienvenue dans l’ultra moderne inquiétude.

Et de ce fait le quotidien se fait tout à la fois ennui et danger.

Cet ennui qui taraude, le vide du temps qui répond à l’immensité du paysage, que R. Wilson a saisi au travers des photos de la réalité la plus ordinaire : puzzle quasi terminé, partie de cartes, soldats endormis, façon désert des tartares.


L’image nous dit l’Afghanistan est un pays de guerriers, de visages marqués, burinés, brûlés de soleil, forts et plein de lassitude. Ce coup-ci ce sont des anglais qui y sont, c’est tout, et c’est pas plus. C’est le pays qui veut cela.


De tout temps, en tout lieu tous on hérité de la violence comme inhérente à ce pays. Villageois contre villageois, tribus contre tribus, taliban, anglais russes ou américains.

Et Robert Wilson nous le vend ainsi.

Comme un agent de voyage fait l’éloge des palmiers des Bahamas, ou de l’art italien, R. Wilson nous vend l’état de guerre comme une beauté afghane.

Et face à cette violence comme issue des pierres, de la poussière et des hommes, avec notre technologie de pointe à l’abri d’infimes baraquements au fin fond d’une contrée d’immensité, on le sait déjà, cette guerre là, elle est perdue d’avance.


Ces quelques soldats de sa Majesté, par la grâce d’un artiste, reflètent tout l'Occident et son confort irréel face à l'âpreté de la réalité d’un monde minéral.

Et dire qu’il s’agit au premier abord de photos clinquantes et rien d’autres...


Mais elles disent la beauté de la poussière et du vent et la force et la violence des hommes.


Ouvrage à découvrir sur : http://www.robertjwilson.com/ ; disponible sur amazon

L'idée d'une idée.


Imaginer un long plan séquence en noir et blanc.

La caméra circule le long d’un couloir dans un service gériatrique.

L’image, elle, donne à voir par l’entrebâillement des portes, le visage, la silhouette de ces personnes âgées en permanence alitées, amaigries, l’esprit ailleurs.

Et sur ces plans poignants et sobres résonnerait un de ces terribles et inopportuns horoscopes du matin, façon « ce soir la chance sourira au sagittaire, ou bien tout réussira aujourd’hui aux poissons».

Car parmi tous ces vieux, ces souffrants, ces mourants qui ne verront jamais le jour prochain, il y a des scorpions, des gémeaux, des cancers, des verseaux pour qui « cette journée sera sur un plan personnel pleine de promesses, et la soirée propice aux rencontres.»


mardi 8 septembre 2009

Retour aux sensations.


Intellectualiser le monde c’est tout à la fois, ne pas se résigner, et absorber le réel, le questionner, le porter en soi pour mieux en cerner les véritables lignes de force.

Mais alors s’ouvre sous nos pieds l’abîme, la cruauté de la vérité du Tragique de toute vie.


Parallèlement, donner le primat à cette forme de perception risque fort de nous éloigner de la sphère des sensations alors même qu’elle peut être, justement, une lutte contre le tragique et non un simple abri, une simple tentative de fuite devant les questions existentielles.


Et le Tragique alors nous détruit vitalité.

La seule et unique voie réside donc dans l’alliance de la réflexion et de la sensation.

Pour que la sensation s’inscrivant dans un horizon nous puissions mieux en jouir, et d’un pas léger danser au dessus du vide.

Heureux d'être en vie.