jeudi 26 février 2009

Ce blog ne doit pas devenir un dictionnaire de citations !


"C'était donc cela, la vie ? Dirai-je à la mort. Et bien recommençons !"
Nietzche

Et pour faire mon intéressant, en V.O. :
"War Das - das Leben ?" will ich zum Tode sprechen. "Wholan noch Ein Mal !"

Quand même plus bandant que le pari pascalien !

samedi 7 février 2009

Sailor et lula are some fugitive kind


C'est l'histoire d'une veste.

Une veste en peau de serpent devenue mythique.

Peu de critiques ont noté l'évidente référence de David Lynch au film de Sidney Lumet intitulé "The fugitive kind".

Pourtant la célèbre veste de Sailor, symbole de sa personnalité et de sa liberté, ainsi qu'il le dit lui même,...




... est portée dès 1959 par Marlon Brando dans l'adaptation de la pièce de Tennessee Williams.

Elle remplit alors le même rôle qu'elle remplira chez Lynch 40 ans plus tard.

La preuve ?

"Snake skin"est mis en garde de cette manière par une amie :



Indissociable de Sailor, cette veste personnalise également Valentin, le héros de "the fugitive kind". Au point qu'un juge interpelle Brando ainsi :



Dès ce premier film, la veste fétiche s'empare de l'écran.

Elle est le premier objet à apparaître à l'image et parfois l'emplit entièrement.



Mais ce que je voudrais souligner ici c'est la force créatrice de Lynch, qui loin de se contenter du jeu égotique pour initié de l'hommage stérile, réinvente le jeu des références.

La veste de Sailor n'est donc pas qu'un simple renvoi. Elle donne un sens au film de Lynch, l'inscrit dans une généalogie en le plaçant dans le sillage de "the fugitive kind".

Wild at heart (Sailor et lula en V.O.) n'est pas une suite non plus, plutôt une variation personnelle sur le même thème, un nouvel épisode de la saga de ceux dont la passion est en butte à la cruauté et à la laideur du monde et de l'époque.

David Lynch reprend, par l'intermédiaire de la veste, le flambeau des fugitifs magnifiques, à l'invite d'une des dernières scènes du film de Lumet.



Par ailleurs, ce sont les femmes qui transmettent cette veste de film en film tout comme elles transmettent la vie même.

Dans le même geste, l'amie de Valentin Xavier récupère donc la veste à la fin de "the fugitive kind pour que Lula la redonne à Sailor, pour refaire de lui l'homme qu'il est.



D'autres références à l'oeuvre de Lumet semble emplir "wild at heart".

Un étrange air de famille lie ainsi Johnny Farragut et Jabe Torrance.




Et puis il y a l'Incendie, dans toutes ses acceptions chez Lynch : l'embrasement des coeurs, le feu purificateur, le feu destructeur, et tout simplement le feu fascinant.

L'incendie remplit l'écran et la bande son dès le générique de "wild at heart" pour ensuite apparaître tout le long du film.

...Et bien sur le thème du feu trouve un écho dans "the fugitive kind" puisque Brando trouve la mort dans un incendie.

Ainsi tout oeuvre même si personnelle et libre que celle de Lynch se nourrit d'autres.

C'est une évidence qui me hantait depuis longtemps au sujet de ces deux films et je suis heureux que le progrès technologique m'ai permis aujourd'hui de l'exprimer.

Alors un grand merci à google, pinnacle et e-mule.

dimanche 1 février 2009

Album de famille

 
Quand tant de gens doivent se contenter de la famille que leur a attribué la fortune, je ne remercierais jamais assez le sort de m'avoir fait rencontrer une femme que je qualifierais sincèrement de grand mère d'âme, toujours lointaine, toujours dans l'ailleurs des temps et des civilisations ; elle m'a doucement appris à être. 

Affectueusement, elle a toujours été là pour m'apaiser, me guider dans mes lectures, pour me rappeler la folie de toutes les époques. Depuis près de quinze ans, j'apprends (si lentement !) à ressentir la profondeur de chaque chose, le détachement face au monde et à soi même, la mesure, la pondération, sans pour autant renier l'action. Elle m'a confirmé aussi pendant nos longues journées passées ensemble qu'il est bon d'accepter l'autre tel qu'il est et de compatir à la souffrance des êtres vivants.


Mais regardez plutôt comme elle était belle, en jeune femme emmitouflée d'orient cosaque,





Si je vous en parle aujourd'hui, c'est parce que je m'aperçois tout simplement combien elle compte dans ma vie, même personnelle, sentimentale. C'est comme si elle m'avait aidé à avoir une colonne vertébrale, bien à l'abri des tempêtes et du bruit du siècle. (enfin en principe !).

Reste les souffrances du monde.

Sinon, vous voyez là, par exemple, elle exprime toute la beauté qu'elle porte en elle.






Mais une vraie grand mère, ça reste l'image d'une femme âgée, avec un léger sourire en coin et gentillement conservatrice. 

Malheureusement je n'ai jamais goûté à ses confitures.




Jazzy jalousie.







Paolo Fresu en concert.
Aussi italien que talentueux, beau et mystérieux.
On en viendrait presque à lui souhaiter quelques malheurs....
.....Mais bon c'est mauvais pour mon karma !

Rubrique sexo


Ils sont seuls, nus, mutuellement livrés l'un à l'Autre
Leur vêtements ne les cachent plus à leur propres regards lourds désirs.
L'âme à fleur de peau, ils vont mêler leur souffle vital en de profonds baisers.

En quelques instants, ils vont abolir le temps et l'espace pour vivre la plus simple des expériences mystiques.

Ils vont réinventer l'Amour. 

Dépouillés de leur attributs sociaux, ils vont aller jusqu'à se dépouiller d'eux mêmes dans l'abandon qui les attends. Ils vont se mêler au cosmos, devenir Roi et Reine, biche et cerf, lion et lionne.
Emporté dans l'élan amoureux, ils défendront à leur insu la beauté de la condition humaine, en cédant à l'espèce sans devenir des bêtes. Car pour notre plus grande gloire la sexualité n'est pas la reproduction.
La chair frémissante devient alors une fête, joyeux contrepoint à la chair pourrissante.

La sexualité c'est tout à la fois assumer pleinement la condition humaine et la venger.

Ni soi même ni vraiment autre, ils brisent leur solitude tout en prenant conscience de ce corps qui les enferme comme un tombeau. 
Et exprime entre eux ce qu'ils ont de plus intime.
Ces moments précieux qui bouleversent nos vies sont des instants de liberté absolue. Comme le suicide.
L'individu échappe alors au social, qui ne peut le supporter et ne cesse de tenter de le poursuivre jusque dans cette intimité.

Les interdits sociaux et religieux sont si nombreux qu'on serait bien en peine de les énumérer : du choix du partenaire, au dévoilement du corps, des positions et caresses acceptables, le social tente partout de s'immiscer.

Avec brutalité, férocité selon les lieux et le temps, mais aussi en ce qui nous concerne, occidentaux du XXI siècle, par la permissivité et la prescription.

Car face à cette liberté nue, les rubriques sexo de nos magazines ne devraient-elles pas se limiter à une description quasiment anatomique des sources du plaisirs, laissant à chacun le libre cours de son imagination pour les atteindre ? Tout au plus on pourrait ajouter quelques idées de positions.

Mais non, notre époque bavarde ne peut tolérer un tel silence face à une telle liberté.

Alors les conseils s'enchaînent, confondant souvent plaisir partagé et recette toute faite pour assouvir le plaisir de l'homme -car au fond, le but des trois quarts de ces articles n'est-il pas d'apprendre à l'homme à faire jouir sa partenaire, non pour elle, mais pour son orgueil à lui ? Quant aux prescriptions destinées aux femmes ne sont elles pas de simples reliques des filtres anciens destinés à garder par devers soi son mâle ?

Oui, quand un magazine féminin propose de tout savoir sur la fellation, on peut regretter les temps héroïques du féminisme, où il s'agissait de trouver le clitoris de sa partenaire  pour lui donner du plaisir à elle. Terrible retournement inégalitaire sous prétexte d'égalité, qui ne pourrait être valable qu'à condition que l'égalité soit pleinement acquise.

Bien sur, inutile de préciser que ces conseils s'adressent à des hétérosexuels vivant en couple dont la seule préoccupation est l'érosion du désir, comme si ce devait être d'ailleurs à la femme d'être désirable.

Mais ce qui me semble le plus gravement porter atteinte à notre liberté c'est l'idée de séquence qu'induisent ces articles comme les films pornographiques.
Car un dessin du kama-Sûtra, outre qu'il illustre une philosophie du controle de soi et non du libre cours à ses pulsions,  vous laisse seul juge du moment où l'essayer, alors que toutes nos représentations sexuelles actuelles dessinent une temporalité où chaque geste  se succèdent de manière bien trop ordonné. 

Et c'est ce chemin balisé qui me semble vraiment constituer le germe de la normalisation sexuelle, derrière une apparente liberté.
Sans oublier que nos adolescents élevés aux films X ont une première image de la sexualité très violente pour ce qui est du plaisir partagé, et que leur large diffusion les transforme là aussi en vecteur de normalisation, ce qui est des plus redoutable.

La première défense de la Liberté intérieure, c'est la défense de l'imaginaire.