samedi 14 août 2010

Paroles, paroles....




Socrate développe sa pensée et chacun de ses arguments dans l’articulation de chacune de ses paroles. Ses éleves prennent note.


Montaigne fait les cents pas dans sa bibliothèque tout en dictant ses Essais à ses assistants.


Albert Cohen, dans sa robe de chambre, reprend là où il s’est arreté.

Il recite fievreusement à sa secretaire les dernieres pages qu’ils viennent d’achever pour, dans le même souffle, inventer la suite de Belle du Seigneur.




Trois oeuvres majeures et bouleversantes qui ont cette particularité de n’avoir jamais été écrites par leur auteur.


Mais peut etre est-ce leur secret ?

Par delà l'écrit, on ressent encore la puissance d’être de l'écrivain, sa vitalité, son souffle, sa respiration, choses que seule la parole peut transmettre.


jeudi 5 août 2010

Fort Alamo


Au temps suspendu de l'enfance, Indien tu as sauvé mon âme, ma liberté ; Non de mouvement mais d'être.


Beau et impénétrable guerrier je n'ai jamais pu croire à ta cruauté. Elle est innocence. Tes guerres relèvent d'autres lois, et te rendent innocent aux nôtres, même dans le scalp.


Un sentiment viscéral d'injustice m'a toujours habité face à l'écran dévoilant la disparition de ton monde.


Debout entre la terre et le ciel, enfin inscrit dans un harmonique ordre des choses, ton regard portait loin.


Tu es le premier des stoïciens.


Cow-boy, Tu es le salaud infâme, confie de bêtise, d'ignorance et de certitudes, éternellement satisfait de toi-même.


Et ce sentiment d'injustice hurlait la médiocrité de tout groupe. Cet ensemble de règles partagées dont le fondement même est de trouver une place à tous par l'exclusion de l'Autre, et qui n'est rien d'autre que l'auto-justification perpétuellement recommencée de l'idiotie de chacun.


Indien, tu es l’individu, seul, en butte ou en liaison avec le cosmos, qui s’oppose à la petitesse de l’animal grégaire.

D’ailleurs, ta vie en tribu n’a jamais fait écran entre toi et le l'univers, elle en est plutot une traduction.


Oui, Indien tu m'a révélé leur bétise et pire, leur infâme bonne conscience, qui les rend incapable de voir ce qu’ils font. Tu m'as donné plus de recul que leur arme.


Regardes les ruisselants de fierté au lieu de mourir de honte de t'avoir battu après un si inégal combat, carabines contre haches et flèches. Ils sont à vomir.


Oui, par toi j’ai très vite su que l’on pouvait massacrer avec les meilleures fausses bonnes raisons du monde, et surtout j’ai appris qu’il existe une Vérité au delà de leur point de vue crasse. Que chaque société, chaque groupe est refermé sur ses membres, sans rapport au Monde ni à la vérité.


Grâce à toi, je suis moi.


Et, déroulant le fil de la pelote, tu m'as dit aussi le mensonge de tous ces irrespirables westerns, qui ne se contentent pas de parler de ta fin mais la justifie et la glorifie, en t'avilissant si odieusement.

Subrepticement, tu m'as permis de comprendre que tout film, tout livre historique n'est qu'une histoire falsifiée par les vainqueurs à leur propre gloire.




Je suis un indien

Je suis un apache


Je suis un indien

je suis un apache

Auquel on a fait croire

Que la douleur se cache

Je suis un apache

Je suis un indien

Auquel on a fait croire que la montagne est loin