mercredi 13 octobre 2010

Recalé à l'oral


Mes mots si souvent me trahissent.

Il faut dire, le dialogue me rend idiot.
La présence de l'autre, l'injonction d'avoir sur le champ quelque chose à lui répondre me terrifie au point que le plus souvent ce sont mes pensées mêmes qui s'expriment avec une grossièreté à me faire honte.

Tout alors devient possible : un mot peut si facilement en remplacer un autre : une quelconque ressemblance phonétique ou lexicale suffit à cela.
Et l'énoncé le plus léger devient lourd comme le soir de Noël à un orphelin.

C'est comme si j'étais en pilote catastrophique, incapable d'investir mes paroles, de les charger de sens, de les alourdir de mes propres pensées, qu'elles sont pourtant sensées exprimées. Comme si ces dernières se travestissaient pour mieux se suicider en se jetant dans le vide entre moi et l'autre, faute d'être suffisamment tendues et acérées pour l'atteindre.

Faux, vagues, ennuyeux, plein de duplicité, les mots alors flottent, flasques, simples courant d'air sorti de ma gorge, tout simplement parce qu'il fallait bien répondre quelque chose....



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