lundi 20 octobre 2008

Bobo blues


Tout entier à ses pensées, il errait au hasard des rues, encombré de ses fidèles bouquins de philosophie orientale.
Il ressassait, un creux au ventre, ses éternelles questions sur son moi profond, le substrat de son identité. 
La foule du samedi lui déclencha, comme à son habitude, une terrible vague d'aversion pour ses congénères, et l'entraîna dans une sorte d'exil intérieur. Les autres lui apparurent alors si lointains. De vagues pantins bouffis d'eux mêmes et heureux à en être bêtes. Ils se contentaient d'absorber et d'admettre sans réfléchir toutes ce que leur proposait notre société d'objets et d'images, jusqu'à en être fier.
Pourtant ce jour là, fut un instant de grâce. Il l'attendait depuis des années. 
En un instant, tout devint simple. La vitre qui le séparait du monde n'avait pas explosée. Non, elle avait simplement disparu. Son corps était ferme, son esprit affûté. Tout était net. Il savait enfin qui il était de manière limpide et sûr.
Il rentra alors dans une boutique de vêtements et se contenta de déclarer le sourire aux lèvres :
"bonjour, j'aurai voulu ressembler à l'affiche".

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