dimanche 3 août 2008

L'ordre social des petits culs


Plagia à la plage pour faire une page.

C'est l'été.
Les corps sous nos latitudes s'affichent et s'affirment, chaleur et indolence invitent les montrer, pour certains à les exhiber. Et que voit-on ?

Tout d'abord que le corps nu ne l'est plus.

Cette dernière trace de la nature en nous, il nous faut à tout pris la socialiser, la briser, la dénaturer.
Exorciser la chair blanche quoi qu'il en coûte.
Plus le vêtement s'amenuise, plus le corps se pare.
Le bronzage est,naturellement, le premier de ces artifices, suivi de près par gymnastique et musculation. Mais il faut très vite lui rajouter, tatouage, percing et autres silicones pour celles et ceux qui peuvent se les offrir.

L'humanité estivalière se sauve ainsi in extrèmis de la sauvagerie de sa nature, du Désir de chair dans ce qu'il peut avoir de plus carnassier.

Le corps exhibé est donc un objet social. Et que nous dévoile t-il alors ? Et bien logiquement ce que j'appellerai l'ordre social des petits culs.

Le corps mince veut désigner par un curieux retournement historique et logique l'appartenance à une classe aisée décomplexée qui veut susciter l'envie et non le Désir.

Et que nous dit le corps svelte ?

Il nous dit je veux susciter l'envie, le désir. Et par là je prends le pouvoir sur toi car tu ne peux qu'être un désirant inassouvi. Et l'envie, le désir est la triste force de notre monde.


Il nous dit je ne suis pas chair ! je ne suis pas chair ! Et c'est pour ça que mes charmes devront se payer très cher, mon cher. Je ne suis qu'esprit et volonté.

Il nous dit je ne suis pas pauvre ; je ne suis pas obèse car je suis mouvement et activité et non paresse et lascivité.

Il nous dit je suis muscle et non pas graisse. Et par la je suis sain.

Il nous dit je témoigne de la volonté. (c'est shopenhauer en string en quelque sorte).

Il nous dit j'ai su conserver ma jeunesse et sa vitalité.

Il nous dit je connais, j'adopte et je promeus les règles implicites de bienséance corporelle de la société de consommation par reproduction des habitus des castes privilégiées.

Il nous dit pour respecter ces règles je suis capable, moi, des efforts de volonté nécessaires. Je sais respecter les impératifs sociaux et m'imposer des frustrations, je ne connais pas le laissez-aller.

Il nous dit ces efforts harassants je les appelle soin de moi. Rien n'est plus dangereux que quelqu'un qui ne compte pas pour lui même ou quelqu'un qui prendrait vraiment soin de lui, loin de ce rapport masochiste actuel.

Il nous dit je suis la reine et le roi de ce monde d'objets et d'abondance car je sais consommer, résister à la tentation de l'objet nourrissant pour l'objet symbolisant. Et ne parlons pas aux pauvres de savoir-avoir, ils n'ont même pas de savoir-être.

Il nous dit, aussi sans le savoir, je ne suis qu'un spectacle, la représentation d'un Idéal, et non pas de moi même. Doucement je creuse la fosse (fausse) de ma personnalité. Le culte du moi est ainsi sa négation.
Me end me CQFD

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