mardi 9 décembre 2008

14, avenue Berthelot


Son visage était tuméfié, couvert de sang et de salive. Ses chairs déchirées, lourdes et gonflées lui laissait deux fentes à la place des yeux. Sa bouche
n'était qu'un gouffre sombre.

Le corps brisé, l'esprit dans les étoiles,  il respirait à peine, la gorge encombrée de glaires et de caillots.

Recroquevillé, agité de spasmes, il baignait dans ses excréments. L'odeur autour de lui était pestilentielle.

Le voir révulsait les sens. 

Au contraire, à quelques pas de là, un autre, lui, portait beau, sentait bon. Le buste droit, la démarche élégante, il attirait le regard des femmes et le respect des hommes. Amoureux de musique, son air froid le rendait encore plus mystérieux et lointain. Il portait alors tous les insignes des vainqueurs. Une coupe de champagne à la main, sa force brutale affleurait sous son vernis policé et achevait de tourner la tête aux élégantes assoiffées d'hommes de pouvoir. Il était beauté et puissance, beauté parce que puissance.

Lequel est l'image de la dignité humaine ?

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