mercredi 22 avril 2009

Question actuelle ?


A l'heure où la croyance dans les vertus du libéralisme économique vacille, nous pouvons nous réjouir que la question des très grosses rémunérations puisse de nouveau être posée sans être immédiatement taxés de divers épithètes dont la seule fonction est d'éluder la difficulté.

Bien sur, chacun y va de son couplet sur l'indécence des sommes en cause, par comparaison avec ses propres revenus, ou avec le salaire minimum.

Pour autant, il me semble que ces polémiques ne soulèvent le débat que par un seul de ses aspects : la légitimité du versement de telle somme. 
Par contre, rien n'est jamais dit sur la question éthique de savoir s'il est légitime de laisser à un seul individu et à son soi-disant libre arbitre un tel pouvoir... d'achat.

La société dans son ensemble a t-elle le droit de laisser une personne seule décider de la façon dont va être dépensé cet argent ? 

la responsabilité morale de leur récipendiaire me semble terrible, à la hauteur des montants en cause.

Car qu'est-ce qu'un bonus de 3 millions d'euros par exemple en plus de ses revenus habituels déjà fort conséquents ?

Un jet privé évidemment...
ou bien un château de 1,4 millions par exemple, auquel il faut tout de même ajouter six ferrari aux alentour de 230 000 € pour faire le compte.
Par contre pas moyen de s'offrir un picasso !
Le problème c'est que cela représente aussi plus de 77 500 enfants sauvés ou non de la mort par malnutrition.

Et même si ne doutons en aucune manière de la générosité des gens fortunés, n'est-il pas délicat de les laisser décider de l'emploi de leur fonds qui contre le VIH qui contre le cancer, en fonction simplement de leur centre d'intérêt ou de leur accident de la vie ?

La fabuleuse collection d'oeuvres d'art constituée par M. Bergé et M. St Laurent représente combien d'action humanitaire non conduite ? Non que parallèlement, ils n'aient pas fait d'importants dons, la question n'est pas là. Elle réside plutôt dans la liberté que la société leur donne de faire des choix d'une telle importance.

Au dessus d'un certain niveau de revenus, ne serait-il pas normal de simplement rendre compte, en tant que citoyen, de leur emploi ? Et pour la personne concernée ne serait-ce pas une source de fierté de pouvoir montrer publiquement ce qu'il fait pour le beau, pour le bon ?


Ainsi, dans une interview au monde au sujet de la vente de sa collection d'art, M. Bergé reconnaissait lui même l'importance de montrer ce qu'il avait fait de son argent. 

Je ne saurai mieux dire.





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